Marc Verove est le reprĂ©sentant rĂ©gional APF France handicap des Pays de la Loire. Avant d’occuper ce mandat, Marc a eu plusieurs vies. 

PassionnĂ© de moto, il commence Ă  pratiquer cette activitĂ© dès l’âge de 12 ans sur circuit, avant de passer son permis Ă  16 ans. Le 24 dĂ©cembre 1980, sa vie bascule suite Ă  un accident de la circulation oĂą il est grièvement blessĂ© : fracture de la colonne vertĂ©brale, multi-fractures sur tout le corps mais spĂ©cifiquement au niveau de sa jambe gauche. « Qu’est-ce que je vais faire de ma vie ? Â». C’est la question qui angoisse Marc dès la première annĂ©e de ses 5 annĂ©es d’hospitalisation. 

« J’ai demandĂ© Ă  une infirmière si un organisme existait pour m’aider Ă  m’orienter après la sortie de l’hĂ´pital. Pour rĂ©pondre Ă  ma demande, elle a appelĂ© l’APF (Association des ParalysĂ©s de France). Une assistante sociale est venue Ă  ma rencontre pour m’accompagner dans le cadre de mon orientation professionnelle. Elle m’a inscrit au CNED. J’ai passĂ© mon BAC depuis l’hĂ´pital, puis mon BTS. J’ai ensuite suivi des cours du soir avec le CNAM pour obtenir mon DECF » raconte Marc.

Toujours passionnĂ© de moto, il repasse son permis en 1987. Ă€ la sortie de l’hĂ´pital, Marc dĂ©bute sa carrière professionnelle en tant que comptable, puis chef comptable pour terminer au poste de directeur financier. Il arrĂŞte sa carrière en 2011, suite Ă  la mise en invaliditĂ© seconde catĂ©gorie causĂ©e par une position assise devenue insupportable. Il sera amputĂ© 5 ans plus tard, en 2016, après plusieurs demandes prĂ©alablement refusĂ©es. « Je ne supportais plus la douleur de ma jambe. L’amputation Ă©tait une libĂ©ration pour moi. Les mĂ©decins refusaient l’amputation car d’autres opĂ©rations Ă©taient possibles avant. On n’est pas maĂ®tre de son corps, ce sont les mĂ©decins qui dĂ©cident. J’ai dĂ» exiger mon amputation. J’ai d’abord subi une amputation tibiale mais le poids de la prothèse sur mon genou Ă©tait insupportable. J’ai donc eu une seconde intervention, une dĂ©sarticulation du genou, l’annĂ©e suivante. Â» explique Marc.

C’est lorsque sa carrière prend fin que Marc s’engage auprès d’APF France handicap

Lors de sa mise en invaliditĂ©, de nouvelles questions l’assaillent : « Que vais-je faire de mes journĂ©es ? Â». « J’ai fait du bĂ©nĂ©volat au Secours Populaire pendant deux ans, oĂą j’étais l’équivalent du ReprĂ©sentant RĂ©gional : je m’occupais des fonds europĂ©ens au niveau des Pays de la Loire. J’ai pris mon adhĂ©sion en Loire Atlantique en 2013 Ă  APF France handicap, alors que je vivais dans le Maine-et-Loire. Je n’étais pas Ă©lu, j’ai Ă©tĂ© cooptĂ© dans le CAPFD du Maine-et-Loire en 2015. Â» dĂ©veloppe Marc. Il remonte alors le groupe relais de Cholet. En 2019, les Ă©lections ont lieu et Marc est Ă©lu en Loire-Atlantique. Il revient sur les raisons de son acceptation : « J’ai acceptĂ© de me prĂ©senter aux Ă©lections pour devenir reprĂ©sentant rĂ©gional lorsqu’un nouveau directeur rĂ©gional est arrivĂ©. La cohĂ©sion entre le Directeur RĂ©gional et le Responsable RĂ©gional doit ĂŞtre basĂ©e sur la confiance car nous fonctionnons en binĂ´me. C’est Ă©galement le cas avec le directeur de territoire. Aujourd’hui la dynamique Ă©lus, bĂ©nĂ©voles et professionnels fonctionne bien Ă  APF France handicap Â».

Au sujet du rĂ´le de ReprĂ©sentant RĂ©gional, il raconte : « J’interviens dans les instances rĂ©gionales, c’est-Ă -dire, l’ARS, le CRSA, l’HĂ´tel de RĂ©gion. Aujourd’hui, le mandat de Christelle Morançais est portĂ© sur champ du handicap. Il faut s’en saisir. C’est pourquoi nous avons fait cette première charte des transports entre APF France handicap et la RĂ©gion, et qui compte aujourd’hui 10 signataires. Dans la loi de 2005, on n’a pas totalement ouvert la porte aux personnes en situation de handicap et particulièrement sur la question des transports oĂą il y a une vraie problĂ©matique. Les transports entre villes sont très compliquĂ©s. C’est mieux dans les grandes villes et encore… Quand je vois ma collègue reprĂ©sentante dĂ©partementale de la Sarthe qui m’envoie des vidĂ©os pour me montrer que la rampe des transports ne descend pas et qu’elle ne peut pas se rendre Ă  son cours de théâtre, je ne peux m’empĂŞcher de constater que la loi de 2005 n’est pas jusqu’au-boutiste. Â». Pour poursuivre sa rĂ©flexion, Marc explique que ce constat touche plusieurs domaines : les endroits de visibilitĂ©, comme les studios de tĂ©lĂ©vision, le théâtre, le sport… Ce sont des domaines non-accessibles Ă  la pratique. Selon Marc, la porte reste « entrouverte Â» sur la question de l’accessibilitĂ©. Son constat est le mĂŞme concernant l’accès au monde du travail. 

MalgrĂ© la crĂ©ation de dispositifs (DuoDay par exemple) et la volontĂ© des entreprises Ă  embaucher des personnes en situation de handicap, dans la rĂ©alitĂ© c’est encore trop peu rĂ©alisĂ© car les locaux ne sont pas adaptĂ©s. Et pourtant… Les premières lois sur l’accessibilitĂ© au travail datent de 1975, par Simone Veil. Il se rappelle d’ailleurs un entretien d’embauche qui n’a pas pu avoir lieu Ă  cause de l’inaccessibilitĂ© au lieu de travail. « Monsieur, vous ne nous avez pas informĂ© que vous ĂŞtes en fauteuil Â» lui a-t-on fait remarquer. L’entretien s’est donc arrĂŞtĂ© ici. 

MĂŞme si Marc a subi toute sa vie l’inaccessibilitĂ©, il prĂ©cise qu’il Â« faut tout apprendre pour exercer son poste de reprĂ©sentant ». Ce poste lui a Ă©galement permis d’aborder ses propres sujets de prĂ©occupation, comme l'accessibilitĂ© aux transports avec notamment la charte, qu’il a portĂ© avec Etienne Valois.

Quotidiennement, Marc est prĂ©sent dans 2 types d’instances : rĂ©gionales et dĂ©partementales. Ses semaines sont donc rythmĂ©es par les commissions (dĂ©partementales, ARS, CAPFD, CAPFR…). De plus, toutes les trois semaines les permis de construire de l’arrondissement de Nantes sont soumis Ă  signature de Marc pour attester l’accessibilitĂ© du bâtiment. Une fois ces activitĂ©s principales Ă©noncĂ©es, d’autres sollicitations mobilisent le reprĂ©sentant rĂ©gional pour bĂ©nĂ©ficier de son expertise notamment sur les thĂ©matiques du sport et de l’accessibilitĂ©. Il est d’ailleurs le seul en situation de handicap dans la confĂ©rence rĂ©gionale du sport.


Le sport : un domaine qui lui tient à cœur

Initialement adepte du Rink Hockey fauteuil, il pratique aujourd’hui le volley assis. « Je me suis rendu compte qu’on Ă©tait aussi discriminĂ©s dans le sport. Seulement 3% des personnes en situation de handicap sont licenciĂ©es dans le domaine du sport. Personnellement, je n’ai pas pu pratiquer de sport pendant 30 ans. Je ne pouvais pas faire de sport fauteuil car mon genou ne se pliait pas. Dès que j’ai Ă©tĂ© amputĂ©, j’ai repris le sport pour faire du Rink Hockey fauteuil. Thibault Lefrançois m’a proposĂ© de faire un essai de volley assis et j’ai trouvĂ© ça sympa. Quand je faisais du Rink Hockey, j’ai participĂ© au plan handisport de Nantes, sur l’accessibilitĂ© des salles de sport. Cela m’a passionnĂ©. Je me suis prĂ©sentĂ© aux Ă©lections CDH 44 (comitĂ© dĂ©partemental HandiSport) en 2020. Â» dĂ©veloppe Marc.

Connu pour son look de rockeur et amoureux de la musique, Marc est Ă©galement actif dans l’organisation du Hellfest. Fervent adepte du festival en tant que festivalier et bĂ©nĂ©vole, il a vu l’accessibilitĂ© s’amĂ©liorer d’annĂ©es en annĂ©es. « Aujourd’hui il n’y a pas presque plus rien Ă  faire en matière d’accessibilitĂ© pour le festival. J’ai fait le lien entre le Hellfest et APF France handicap avec les bĂ©nĂ©voles qui s’occupent des PMR/PSH du Hellfest. Ils se sont appuyĂ©s sur moi pour amĂ©liorer l’accessibilitĂ© tous les ans. Ils avaient besoin d’être formĂ©s voire rassurĂ©s sur les moyens mis en place pour l’accessibilitĂ©. J’ai organisĂ© une journĂ©e de formation sur les diffĂ©rents types de handicap, la maniabilitĂ© et accessibilitĂ© des fauteuils. Aujourd’hui, je pense qu’on a le festival le plus accessible de France. Â»


La conclusion de Marc sur ses 5 annĂ©es de reprĂ©sentation rĂ©gionale 

Il explique : « C’est intĂ©ressant car on a une vue d’ensemble de ce qui se passe. Au sein d’APF France handicap, je me suis senti Ă©coutĂ©. J’apprĂ©cie faire le lien entre l’association, les diffĂ©rentes instances et faire la navette d’information entre le terrain et le national. On peut proposer des idĂ©es et elles sont retenues. J’ai le sentiment de jouer un rĂ´le de mĂ©diation entre les Ă©lus et les bĂ©nĂ©voles. C’est un poste qui donne envie de s’investir. Â»


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