Les mille et une casquettes d'Isabelle Hallet

Elue chez APF France handicap au département de Loire Atlantique, Isabelle est aussi bénévole au conseil d'administration de la Commission Communale d'actions Sociales (CCS) de Nantes et bénévole à la Commission Communale d'Accessibilité (CCA) de Saint-Herblain. Une chose est sûre : Isabelle est une femme occupée !

Son rôle au sein d'APF France handicap s'oriente autour de la défense des personnes en situation de handicap. Elle apporte aussi une aide dans les dossiers administratifs. A Saint-Herblain, elle intervient sur l'accessibilité des travaux de la ville et y est depuis 2018. En plus de ses bénévolats ici et ailleurs, Isabelle est aussi une grande sportive et passionnée de sport ! Elle est en effet championne de France en para badminton depuis 2017 et s'entraine au BCSH à Saint-Herblain, le même club d'origine que Charles Noakes (médaillé aux Jeux Paralympiques). Le sport l'anime au quotidien. Elle n'a donc pas hésité à candidater pour devenir bénévole aux Jeux Olympiques Paris 2024. 

Être bénévole aux Jeux Olympiques

Pour devenir bénévole aux Jeux Olympiques, il fallait envoyer un CV pas moins de deux ans avant l'événement. C'est en 2023 qu'elle a su qu'elle participerait aux Jeux Olympiques en tant que bénévole sur les accréditationsDu 8 juillet au 8 aout, elle était donc bénévole à la Beaujoire de Nantes sur les accréditations.
Quiconque souhaite se rendre sur l'un des sites des JO doit passer par les accréditations. Ici, les bénévoles procèdent à une vérification de l'identité de la personne pour ensuite délivrer le fameux Césam qui permet l'entrée sur site, une sorte de carte d'identité pour accéder aux JO.
Photo non conforme, identité non vérifiée...plusieurs problématiques peuvent arriver. En cas de refus, la situation est relayée à la préfecture. Ensuite, aucun retour n'est fait aux bénévoles : ils restent donc dans le flou. Isabelle se souvient d'une dame russe venue à de nombreuses reprises... qui n'a jamais pu mettre les pieds sur le stade. Les bénévoles n'avaient aucune idée de pourquoi sa situation restait bloquée. Le mystère reste donc entier sur cette fameuse personne à qui l'accès aura été interdit jusqu'au bout...

Equipements des bénévoles : une porte ouverte au business

A chaque bénévole était donné un équipement complet pour assurer les missions sous les couleurs des JO : du bob au pantalon en passant le t-shirt... Jusqu'aux chaussettes ! Rien n'était laissé au hasard. Ils n'avaient pas imaginé les conditions météorologiques qu'il y a eu..Pas de possibilité de stockage de vêtements sur place, il ne fallait donc pas arriver tremper.
Après les JO, les bénévoles ont pu tout garder. Un lot de remerciement leur a même été distribué, comprenant un sac étanche, serviette de bain, pin'et savon. Ce lot n'a été distribué qu'aux personnes ayant réalisé l'ensemble de leurs missions bénévoles. Car oui, beaucoup ont abusé du système : des bénévoles ont récupéré leur accréditation qui leur a permis d'aller récupérer leurs affaires... Et ne sont jamais venus sur leur poste de travail.
Un marché gigantesque s'est monté en parallèle des Jeux : des revendeurs de bob et t-shirt ont fait monter les enchères jusqu'à atteindre des sommes invraisemblables. Il fallait compter jusqu'à 500€ pour un bob des JO.
Les cordons donnés avec l'accréditation, redonnés gratuitement en cas de casse ou perte, ont eux-mêmes été ciblés par ce marché. Les bénévoles ont donc eu pour consigne de ne plus en donner. Qui aurait cru qu'un simple tour du cou puisse être revendu 60€ ! Cela a posé énormément de questions.

"Ils ne savaient pas que j'étais en situation de handicap"

A son arrivée aux accréditations, Isabelle est surprise car il n'y a aucune adaptation sur son poste de travail pour son handicap -elle est en fauteuil. Elle ne dit trop rien et ce sont finalement ses collègues qui finissent par en parler de plus en plus," jusqu'à râler", nous dit-elle. Chaque détail est pensé autour de l'univers graphique précis commandité par le CIO, d'où la difficulté de changer les choses. Même une simple table devait être décorée aux bonnes couleurs. Dès le troisième jour, une table adaptée est trouvée et intégrée au bureau : Isabelle peut enfin faire ses missions de bénévoles dans les bonnes conditions.

Elle trouve que son handicap ne freine pas ses missions de bénévole et les gens viennent aussi facilement vers son bureau que celui de ses pairs. En ce qui concerne l'accessibilité des JO en général, pour les supporters notamment, Isabelle trouve "les gens un peu durs ". Pour elle, cela s'est bien passé.


Des Jeux Olympiques aux Jeux Paralympiques

Après avoir adoré ses missions de bénévolat aux Jeux Olympiques, Isabelle a été bénévole sur les Jeux Paralympiques, du 29 au 30 août, au tennis fauteuil. Les deux expériences étaient vraiment différentes. Sur les accréditations, les bénévoles ont eu le temps d'apprendre à se connaitre, de se raconter leurs vies et s'entraider. Le groupe était le même sur toute la durée. A Rolland Garros, Isabelle est restée beaucoup moins longtemps. Aussi, sur stade, il y a beaucoup de mouvement : on ne reste pas avec les mêmes bénévoles donc les liens ne sont pas les mêmes.

Côté ambiance, une différence là aussi marquée selon Isabelle : " Ceux qui ont fait les deux Jeux Olympiques et les Jeux Paralympiques, ils ont plus aimé les Paralympiques pour l'ambiance". Elle a aussi entendu Charles Noakes parler des relations entre joueurs : pas de tension entre eux, les joueurs étaient très fair-play. S'en ressentait une bonne humeur, même si l'esprit de compétition était quand-même présent en vue de l'enjeu.
Sur place, impossible d'approcher les sportifs de haut niveau : "ils sont extrêmement pris par la presse, encore plus quand ils sont champions". Isabelle a donc hâte de revoir Charles qu'elle n'a pas pu aborder là-bas.

Une expérience extraordinaire

Isabelle ne pensait pas vivre ça un jour ! Elle retient de ces Jeux une expérience extraordinaire, entre les rencontres, le sport, la découverte de parcours de vie différents... Même sa soeur qui n'est pas du tout passionnée de sport comme elle lui a confié : "qu'est-ce que tu me donnes envie !". Isabelle se souvient particulièrement d'un moment à la Beaujoire où 35 000 personnes chantaient en chœur la Marseillaise "C'est très impressionnant, ça monte, ça vibre, des gens pleuraient. Ça lie les gens. "

Retrouvailles

Ce qui a marqué Isabelle, au-delà de l'ambiance, c'est aussi et surtout le lien social entre bénévoles. D'ailleurs, la municipalité a tenu à remercier l'ensemble des acteurs autour de cet événement : police, bénévoles, etc. Ils se sont donc retrouvés en septembre à la mairie de Nantes. Tous étaient heureux de se retrouver pour revivre une dernière cette ambiance mémorable, après l'effervescence des Jeux. C'est aussi à ce moment que les derniers petits souvenirs ont été donnés, de quoi ressentir une dernière fois les émotions des Jeux Paris 2024.

Et après ?

Isabelle se demande toutefois ce qu'il va rester de ces Jeux : "Qu'est-ce qu'il va en rester de ces Jeux Paralympiques, à part des super souvenirs ?". Elle ne sait pas... Elle aimerait vraiment qu'il en reste quelque chose, après toute l'union qu'a permis cet événement, le soutien développé derrière les sportifs, en situation de handicap ou non. Pour l'avenir, pour le vivre ensemble, elle espère vraiment.

Merci à Isabelle pour son précieux témoignage, nous lui souhaitons plein de belles choses pour la suite !




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